VERSION FRANÇAISE
Chère madame ou monsieur,
Je m'adresse à vous en tant que citoyen concerné qui suit de près les décisions politiques à l‘aune de la crise climatique actuelle.
Je salue vos efforts pour déterminer quelles activités économiques peuvent être considérées comme durables dans le cadre de la taxonomie de la finance verte de l’UE. Pourtant, j'ai appris que les groupes de pression nucléaires intensifient actuellement leur lobbying pour assurer les futurs flux de capitaux vers l'énergie nucléaire – d'autant plus que l'énergie nucléaire a été exclue d'une liste provisoire publiée en mars 2020.
Je m'oppose fermement à ce que l'énergie nucléaire soit qualifiée de « durable ». La stabilisation du climat est une tâche urgente. L'énergie nucléaire ne peut y apporter aucune contribution significative. Elle demeure trop lente, trop dangereuse, trop chère et trop sale.
Trop lente. Les énergies renouvelables sont utilisables dès aujourd’hui et réduisent immédiatement les émissions de CO2 alors qu’il faut des décennies pour construire de nouvelles centrales nucléaires. La crise climatique a besoin de réponses mondiales en temps réel. L'énergie nucléaire ne peut littéralement pas suivre le rythme des développements visant à parvenir à une Union Européenne neutre en carbone d’ici à 2050.
Trop dangereux. Le nucléaire est vulnérable aux catastrophes naturelles et aux conditions de défaillance humaine ou technique ainsi qu‘aux dommages accidentels ou délibérés. C'est une technologie à haut risque qui ne peut pas être maîtrisée en cas de catastrophe comme le prouvent les tragédies mondiales qui en résultent et qui persistent.
À ce sujet, Le Dr Alex Rosen, président de l'aile allemande de l'International Physicians for the Prevention of Nuclear War, a récemment souligné lors d?une présentation que trois accidents nucléaires majeurs, inclauant des fusions de cœur, se sont produits en une courte période de 32 ans. En gros un accident tous les 11 ans !
Trop cher. Comme le résume le professeur Paul Dorfmann, expert de l'industrie nucléaire : « la nouvelle construction nucléaire représente une option technique, réglementaire et d'investissement à haut risque, avec une tendance marquée pour des retards importants et un dépassement des coûts. Des séries d'analyses de marché de fond suggèrent fortement que l'investissement dans l'énergie nucléaire n'est pas rentable – cela vaut pour toutes les gammes plausibles de coûts d'investissement, de coûts moyens pondérés du capital et de prix de gros de l'électricité. De plus, la lenteur de la mise en œuvre de l'énergie nucléaire dans le système et son évolutivité limitée à court terme par rapport à d'autres options durables, remettent en question l'efficacité des investissements supplémentaires dans le nouveau nucléaire.
Trop sale. En raison de la radioactivité de l’énergie nucléaire et des risques associés pour l‘humain et la nature, elle ne peut pas être considérée comme une source d’énergie propre. Cela s'applique à l'ensemble de la chaîne du combustible : de l'extraction de l'uranium à l'exploitation standard présumée jusqu'aux déchets radioactifs.
Quelques chiffres consternants du World Nuclear Waste Report, de 2019 : « Plus de 60 000 tonnes de combustible nucléaire irradié sont actuellement stockés en Europe (hors Russie et Slovaquie). Le combustible nucléaire irradié est considéré comme un déchet de haute activité et constitue la majeure partie de la radioactivité. Au cours de sa durée de vie, le parc de réacteurs nucléaires européens actuellement en exploitation devrait produire environ 6,6 millions de m³ de déchets nucléaires. Sachant qu'il n'y a pas un seul dépôt de déchets de haute activité opérationnel dans le monde malgré les recherches effectuées depuis 70 ans, les perspectives restent sombres et les questions afférentes pratiquement insolubles.
Parmi toutes les raisons évoquées, j'appelle fermement la Commission européenne à rester de bonne foi dans les recommandations de la taxonomie TEG de l'UE – à savoir que, pour l'essentiel, le nucléaire ne répond pas aux critères d'investissement durable. Je vous demande de bien vouloir envisager des sources d’énergie sûres, abordables et propres qui sont déjà pleinement disponibles.
Cordialement,
VERSION ANGLAISE
Dear Madam or Sir,
I am addressing you as a concerned citizen who closely keeps track of political decisions in respect of our pressing climate crisis. I welcome your efforts to determine which economic activities qualify as sustainable within the framework of the EU’s green finance taxonomy. Yet, it came to my knowledge that nuclear lobby groups currently ramp up their lobbying to ensure future capital flows towards nuclear energy – even more so, since nuclear power was excluded from a provisional list published in March 2020.
I strongly oppose nuclear power to be labelled as sustainable. Stabilising the climate is an urgent task. Nuclear power cannot provide any meaningful contribution thereto because it is too slow, too dangerous, too expensive and too dirty.
Too slow. Nuclear power never comes on time. 60 percent of all reactor building projects worldwide are delayed. The average construction time of nuclear new builds is 10 years. It needs another couple of years to offset the greenhouse gas emissions generated in their construction. As the latest World Nuclear Industry Status Report further outlines: “Non-Nuclear Options Save More Carbon Per Year. New nuclear plants take 5–17 years longer to be built than utility-scale solar or onshore wind power, so existing fossil-fuelled plants emit far more CO2 while awaiting substitution by the nuclear option.“ The climate crisis needs global answers in real time. Nuclear power cannot literally keep pace with developments aiming to achieve a carbon-neutral European Union until 2050.
Too dangerous. Nuclear is vulnerable to unforeseen natural disasters and to human or engineering-based fault conditions, including accidental or deliberate harm. It is a high-risk-technology that cannot be managed as severe accidents, the resulting and still lasting tragedies have proven. Dr. Alex Rosen, chair of the German wing of the International Physicians for the Prevention of Nuclear War recently outlined in a presentation that three major nuclear accidents including core meltdowns happened within a short timespan of 32 years. One accident every 11 years! Nuclear power is an exclusive project of only a few countries with potentially irreversible negative effects on many. Moreover, it inherently bears the risk of proliferation.
Too expensive. Nuclear energy cannot do without large state funding. Without subsidies (e.g. EURATOM or RAB) nuclear energy would be too expensive to compete with wind-, solar- or hydro-power. According to a research study carried out by the German Institut for Economic Research investing in a new nuclear power plant leads to an average loss of around five billion euros. As Professor Paul Dorfmann, a nuclear industry expert, boils it down: “Nuclear new build represents a high-risk technical, regulatory and investment option, with a marked tendency for significant delay and cost over-run. Sets of substantive market analysis strongly suggest that investment in nuclear power is uneconomic – this holds for all plausible ranges of investment costs, weighted average costs of capital, and wholesale electricity prices. The slow implementation of nuclear energy into the system and limited scalability over the short-term in comparison with other, sustainable, options significantly questions the effectiveness of further investments in new nuclear.“ The risk of a high-priced nuclear option is usually transferred on to consumers.
Too dirty. Due to nuclear power‘s intense, long-lasting radioactivity and the associated risks to humans and nature it cannot be designated a clean source of energy. This applies to the entire fuel chain, from uranium mining over the alleged standard operation to radioactive waste. Some appaling figures of the World Nuclear Waste Report 2019: “Over 60,000 tons of spent nuclear fuel are in storage across Europe right now (excluding Russia and Slovakia). Spent nuclear fuel is considered high-level waste and makes up the vast bulk of radioactivity. Over its lifetime, the currently operating European nuclear reactor fleet is estimated to produce around 6.6 million m³ of nuclear waste – still to be dealt with.“ Bearing in mind that there is not a single operational high-level waste depository worldwide despite a 70 year long research history, prospects are bleak to deal adequately with an virtually unsolvable legacy.
Out of all the reasons mentioned, I strongly call on the European Commission to maintain good faith in the EU TEG Taxonomy recommendations – that, essentially, nuclear does not meet the criteria for sustainable investment. I kindly ask you to consider safe, affordable and clean energy sources which are at full disposal already now.
Yours sincerely,
See, for instance: “Sizewell faces six-year emissions lag“ (Gosden, Emily). In: The Times, 25. August 2020.
Schneider, Mycle/Froggatt, Antony (2019). World Nuclear Industry Status Report. Paris & Budapest. p 15-18.
Wealer, Ben/Bauer, Simon/Göke, Leonard/Hirschausen, Christian/Kempfert, Claudia (2019). High-priced and dangerous: nuclear power is not an option for the climate-friendly energy mix. DIW Weekly Report 30/2019, 511-520. p 243.
Paul Dorfmann (2019). Communiqué TEG EU Taxonomy and Nuclear Energy (2020).
Rebecca Harms, Rebecca/Schneider, Mycle/Jungjohann, Arne/Turmann, Anna (2019). The World Nuclear Waste Report. Focus Europe. 2019. Berlin & Brussels. p 9.